La compagnie


Historique


Créer une nouvelle forme théâtrale

Au début des années 80, Montréal est au cœur d’une vaste mouvance de redécouverte du langage du corps dans les arts de la scène. Et en 1981, un premier groupe d’artistes venus d’horizons divers – de la gymnastique, du théâtre, de la jonglerie, du mime et du clown – met sur pied une compagnie dont l’objectif est de privilégier le mouvement afin de créer une nouvelle forme de théâtre : le Théâtre de mouvement acrobatique et de jeu clownesque.

Théâtraliser le mouvement

Pour créer cette forme théâtrale, la compagnie combine les techniques acrobatiques et théâtrales. Tout est à construire : non seulement le récit comme dans toute autre pièce de théâtre, mais surtout un vocabulaire physique tout à fait inédit dans lequel les mouvements sont à la fois porteurs de sens, d’émotion, de pulsion et de virtuosité. Ainsi, à chaque création, l’équipe articule les liens entre le mouvement, le texte, la lumière, la musique et la scénographie. Si, depuis sa fondation, cette forme s’est imposée, la compagnie n’hésite pas en cours de création à l’interroger et à la faire évoluer.

Creuser le sens et toucher les émotions – premiers succès

Moment capital pour la compagnie, la création de Mur-Mur en 1987 constitue le premier vibrant exemple d’un spectacle de Théâtre de mouvement acrobatique. Ce spectacle créé collectivement remporte un immense succès. Cette réussite encourage la compagnie à poursuivre sur cette voie. D’ailleurs, une écriture propre à cette forme théâtrale commence déjà à se manifester, écriture assumée conjointement par le scénariste et le metteur en scène. Ainsi, pour la création suivante, la compagnie fait appel à un dramaturge. Dans Déséquilibre – Le Défi, oeuvre plus dramatique, les personnages se précisent, leur âme et leurs pulsions profondes surgissant dans des moments de suspension. La compagnie lance ensuite L’Écho de la Rivière, création dans laquelle les aspirations cachées de tout un peuple s’incarnent à travers les exploits d’un héros. Le mouvement acrobatique devient ici mouvement de choeur tandis que la voix d’un narrateur vient s’associer au mouvement. À la fin des années ’90, cette série de créations montre qu’il est possible d’écrire une pièce de théâtre dont le langage premier est le mouvement et que cette forme théâtrale enthousiasme des publics aux quatre coins de la planète.

Mouvement et mots – métaphore et réalité

Dans les créations ultérieures, la compagnie souhaite explorer le rôle que prennent les mots dans un spectacle de mouvement. Ainsi, DynamO Théâtre lance Lili (2000). L’œuvre se distingue des créations précédentes par sa facture poétique et intimiste. Le mouvement acrobatique se fait le miroir de cette dualité entre le monde réaliste du quotidien et celui émotif et fragile du coeur et de l’esprit. Les exploits acrobatiques qui impressionnent le public se mettent de plus en plus au service de la dramaturgie. Dans moi moi moi… (2003), la compagnie aborde une thématique sociale particulière : le rejet d’une élève par ses camarades de classe. En exploitant les objets, le mobilier et les murs de la classe, le mouvement, à la fois acrobatique et quotidien, rend compte du climat affectif d’un groupe d’élèves.

De plain-pied dans l’imaginaire – élargir la perspective

Le jeu clownesque, autre fondement du travail de la compagnie, vient prendre le relais dans la prochaine création, Faux Départs, spectacle pour clowns de théâtre (2004). Les personnages s’expriment dans une langue qui, inintelligible de prime abord, se révèle et s’élucide pour le public grâce au mouvement, à la fois acrobatique, minimaliste et absurde. La création suivante, Il était trois fois… (2006), prend la forme d’une fable dans laquelle les personnages plongent au fond d’un abîme. Elle dévoile le courage dont les enfants doivent faire preuve dans un monde étrange et souvent inhospitalier. Suit L’envol de l’ange (2008) qui met en scène un personnage mystérieux, imaginaire même, dont l’influence sera déterminante pour l’avenir de trois frères. La pièce vient ramener à la lumière un lourd secret de famille. En 2010, la compagnie propose Le grand méchant loup dans lequel trois personnages clownesques abordent de manière délirante le rôle du grand méchant loup dans les contes pour enfants. Cette cadence créative ne s’essouffle pas avec Devant moi, le ciel (2011) et Nous sommes 1000 en équilibre fragile (2013). Sur fond d’image, de mouvement et de musique, le premier spectacle aborde le périple d’une exilée qui se cherche une place dans sa société d’accueil. Le deuxième nous fait rencontrer, par le biais du slam et du parkour, quatre amis qui traînent dans la ruelle derrière chez eux et qui seront déstabilisés par l’arrivée d’un nouveau. Après avoir été conviée, en 2013, à participer à un important projet de collaboration internationale Documents of poverty and hope, DynamO Théâtre crée Immigrant de l’intérieur (2015) en coproduction avec le Teatro O Bando du Portugal. Un comédien s’imagine être dans la peau d’un immigrant portugais. Accompagné d’un musicien sur scène, il raconte en mouvements, en mots et en musique des parcelles de la vie d’Antonio. C’est une première expérience de coproduction internationale qui ouvre les horizons pour d’autres possibles projets.  Avec Et si Roméo & Juliette.. (2017), la compagnie offre une relecture de ce classique de Shakespeare par le mouvement acrobatique. Et la question suivante se pose: pouvons-nous imaginer une autre fin que celle de la mort de ces deux enfants ? Et si…? Ceux qui n’existent pas (2018) plonge à nouveau dans le sujet complexe de l’exil. Cette fois, le spectacle questionne le déplacement des populations et les conditions horribles de ces gens qui doivent tout quitter et fuir pour survivre. En 2019, DynamO Théâtre s’engage dans la coproduction, À deux roues, la vie ! avec Guillaume Doin, artiste de cirque français rencontré lors d’un stage au programme de perfectionnement de la compagnie. Cette coproduction représente un engagement tangible afin de renforcer notre soutien à la relève. Un homme est confronté à un héritage familial dans lequel il ne se reconnaît pas. Dans cet univers rempli de réalisme magique et de magie patentée, c’est sur deux roues que l’homme mesurera le rythme de la vie. Don Qui Quoi !?! , nouvelle œuvre de jeu clownesque librement inspirée du célèbre roman Don Quichotte de la Manche voit le jour en 2021 en coproduction avec le Théâtre de la Petite Marée de Bonaventure. Dans un théâtre, Rodrigue, clown de métier au service de Monsieur Jacques, le directeur, et de l’acteur Tom, rencontre d’une manière tout à fait fortuite Sangchaud Pancha, le fidèle écuyer de Don Quichotte.

DynamO Théâtre – toujours en mouvement

Au fil du temps, la quête se poursuit et les projets artistiques amènent toujours plus loin les questionnements des projets antérieurs. Ils approfondissent la réflexion pour repousser les limites du mouvement acrobatique afin qu’il soit porteur de sens. C’est cette préoccupation incessante de l’écriture du corps en mouvement dans l’espace scénique qui contribue au véritable renouveau de la compagnie. En 2008 et en 2021, les passations à la codirection artistique assurent à la fois la pérennité de DynamO Théâtre et sa signature singulière. Le projet continue!